NOUVELLES DU SECTEUR 22/05/2023

Systèmes de production à basses émissions de CO2

L’Atic fait le point au cours d’une journée d’étude

En avril dernier, l’Atic, l’association des professionnels CVC, a organisé à la VUB une journée d’étude consacrée aux systèmes de production à basses émissions de CO2. Réunissant de nombreux installateurs, architectes, développeurs de projets, sociétés de maintenance et autres ingénieurs, cette après-midi de conférences entrecoupée de moments de réseautage a permis de faire le point sur la manière dont nous allions répondre à nos besoins futurs en termes de confort thermique tout en réduisant notre impact sur l’environnement et nos besoins en énergie. Au travers de présentations de cas concrets, les divers intervenants ont abordé des sujets aussi divers que les pompes à chaleur, la géothermie, la riothermie, les fluides frigorigènes de demain ou encore les applications de l’hydrogène.

Un programme riche

Après un walking dinner servant également de moment de réseautage, Joris Mampaey, président de l’Atic, a introduit l’après-midi d’étude et présenté le programme aux nombreux participants ; riche et varié, ce dernier a permis de démontrer à quel point le secteur de la construction était impactant à tous niveaux (environnement, énergie…). Une collaboration étroite entre tous les intervenants du secteur se révèle donc absolument nécessaire pour mener à bien la décarbonation dans les bâtiments, mais aussi dans l’industrie.

Le cadre juridique mène à la PAC

La décarbonation, ce fut précisément le thème du premier intervenant de la journée, à savoir Lieven Verstaen de Daikin Belux. Plus précisément, il est revenu sur le cadre juridique européen et national définissant les étapes de cette décarbonation. Le Green Deal européen (2019) impose notamment une réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990) ; il prévoit également que l’Europe doit devenir un continent carboneutre d’ici 2050. REPowerEu est de son côté un plan de diversification des sources d’énergie qui a notamment pour but de nous rendre moins dépendants du gaz russe. L’hydrogène fait parties des solutions du futur. Ce plan tend dans ce contexte vers une accélération de l’utilisation des énergies propres. L’économie d’énergie est enfin un concept clé de REPowerEu. Lieven Verstaen est également revenu sur l’ETS2, le nouveau système d’échange de quotas d’émission qui, à partir de 2027, doit assurer la durabilisation du chauffage des bâtiments et de la mobilité, notamment par le biais de taxes carbone sur les combustibles fossiles.

Dans ce contexte de décarbonation, la pompe à chaleur constitue un outil basses émissions essentiel. Sur le plan national, Lieven Verstaen s’est félicité de la volonté affichée par la Flandre de déjà promouvoir la PAC, contrairement à la Wallonie et à la Région de Bruxelles-Capitale qui n’ont pas encore de plan spécifique pour adopter des technologies moins polluantes, du moins à court terme. De fait, en Flandre, même s’il n’y a pas d’obligation, l’EPB conduit de facto à l’utilisation de la PAC pour les constructions résidentielles neuves. Et en rénovation, la PAC constituera également à moyen terme une solution adaptée. Bref, pour L.Verstaen, qui a ensuite présenté les solutions existantes et à venir en la matière, la PAC est la solution du futur par excellence.

Et ce n’est pas Yves Dozin de Mitsubishi Electric Europe qui dira le contraire, lui qui a présenté aux participants des cas concrets d’utilisation et de fonctionnement de la pompe à chaleur à 4 tubes. Un concept qui convient idéalement à des bâtiments qui ont de grands besoins simultanés en chaud et en froid. Dans ses démonstrations et exemples, dont celui de la Maison de la Radio, place Flagey à Bruxelles, il a bien insisté sur les limites d’applications de cette solution, et sur l’importance capitale d’avoir, d’une part, une simultanéité réelle entre le chaud et le froid, et d’autre part, des besoins importants.

Quelles solutions adopter en termes de réfrigérants ?

Kurt Vannieuwenhuyze de Climalife a ensuite dressé un panorama complet de la situation sur le marché des fluides frigorigènes. Quelles sont les réfrigérants actuellement disponibles, quelles sont les solutions pour faire face à l’évolution de la réglementation F-Gaz, comment choisir un fluide frigorigène, quelles sont les nouvelles opportunités avec le R-1234ze pour les compresseurs scroll… ? Quelques questions parmi d’autres auxquelles il a répondu avec précision et moult exemples concrets.

Il est également revenu sur l’essence même de la marque Climalife, à savoir le concept d’économie circulaire ; et dans ce cadre, les fluides frigorigènes recyclés et régénérés constituent un des leviers essentiels pour répondre à la réglementation F-Gaz.

Riothermie, STES et géothermie

La décarbonation des bâtiments passe par les solutions les plus diverses. La riothermie en fait partie, comme l’a démontré Olivier Pireyn de Vivaqua au moyen de deux projets, dont celui du nouvel immeuble de la maison communale d’Uccle à Bruxelles. La riothermie consiste à récupérer la chaleur résiduelle des eaux d’égouttage et à l’utiliser -par ex.- pour les besoins thermiques d’un bâtiment via des échangeurs de chaleur placés dans ces mêmes égouts. En raison de la hausse importante des prix du gaz et de l’électricité, ce type de solution peut se révéler très intéressant sur le plan économique, même si dans ce cas-ci, c’est le gain environnemental qui est le plus évident. Les conditions indispensables à un projet de riothermie sont les suivantes : un flux d’eaux usées suffisant, du chauffage à basse température, des besoins en froid modérés ainsi qu’un fonctionnement aussi continu que possible du système de riothermie. Olivier Pireyn a également évoqué le cas de BruCity, un bâtiment de la Ville de Bruxelles.

Autre application spécifique « low CO2 » présentée lors de cette journée d’étude : le STES ou Seasonal Thermal Energy Storage. Ce système appliqué au nouveau siège de BNP Paribas Fortis à Bruxelles a été décrit en détail par Thomas Daye de Sweco. Ce dernier a expliqué comment on pouvait faire du free-cooling en été et du free-heating en hiver à partir d’un grand réservoir d’eau dans lequel on stocke de l’énergie.

Parmi les solutions basses émissions déjà bien connues, la géothermie n’a pas été oubliée lors de cette après-midi, bien au contraire. Après un exposé exhaustif de Wim Boydens (UGent & Boydens Engineering part of Sweco) sur la géothermie en général et sur le potentiel du sol en la matière en Flandre et aux Pays-Bas, Jan Vandeneede d’Arcadis et Olivier Kaufmann de l’UMons sont respectivement revenus sur des applications de géothermie de grande profondeur en Flandre et en Wallonie.

L’hydrogène de A à Z

Enfin, « last but not least », la dernière intervenante de la journée fut Isabel François de WaterstofNet, qui a traité d’une solution d’avenir, à savoir l’hydrogène. Méthodes de production, stockage, transport & distribution de l’hydrogène étaient au programme. Elle a également défini les deux grandes domaines d’application de l’H2 : les bâtiments (chauffage et électricité) et la mobilité. Et si l’hydrogène en Belgique est essentiellement gris, car surtout produit à partir de gaz naturel, elle a toutefois insisté sur le potentiel de l’hydrogène vert du futur.

www.atic.be

Par Michel Hanoulle